2 mai – 13 juillet 2019
La galerie Galerie Sonia Zannettacci à Genève, présente une exposition de Jacques Villeglé sur le thème de l’écriture. Il est à noter que cette exposition est intégrée à un parcours Art en vieille ville, organisé par un collectif de galeries et de lieux. La programmation est ambitieuse, avec des artistes tels que Lucas Cranach, une sélection d’œuvres de l’École de New-York, Robert Motherwell, Willem de Kooning, Ad Reinhardt, etc. D’autres œuvres et artistes sont à découvrir ou redécouvrir, parmi lesquels Henri Michaux n’est pas le moindre.
Une formule de Villeglé inaugure ce printemps de l’art genevois :« L’art n’a pas à imiter le monde, mais à le révéler ». L’exposition est orientée sur un thème majeur de l’œuvre de l’artiste : l’écriture, la typographie, l’indéchiffrable.
Voici un extrait évoquant le thème de l’exposition qui est aussi un résumé lapidaire du parcours de Jacques Villeglé lui-même :
Dès ses débuts, et parallèlement aux lacérés anonymes, Villeglé s’intéresse à la calligraphie ; il étudie l’histoire de l’écriture, les différents types de graphies, les hiéroglyphes, les caractères chinois, remanie les caractères latins pour leur donner de nouvelles formes ou même élaborer une nouvelle police ; but qu’il atteindra en 1969 avec son alphabet socio-politique.
source : Programmation printemps 2019 de AVV
L’exposition aborde également le thème de l’indéchiffrable. L’acte du décollage, qui est au cœur de l’invention de Villeglé et Hains, touche en effet à ce point : ce qui est montré ou ce qui est caché, ressort-il du thème du sens ou du non sens ? La question est complexe. La dimension sociologique de cette œuvre en est un des volets. Elle renvoie à l’art, dans son étendue historique. L’herméneutique des œuvres du passé, notamment de l’art chrétien, nous pose aujourd’hui d’innombrables énigmes qui, naguère, étaient plus évidentes, pour une communauté forgée par une catéchèse bien plus familière pour le croyant du passé que pour le citoyen du vingt-et-unième siècle. De même, pour le piéton des rues des années soixante, soixante-dix, tel fragment d’affiche pouvait immédiatement être déchiffré dans son intégration synecdoque : la partie pour le tout, ce qui pourrait ne plus être le cas pour le regardeur d’aujourd’hui. L’exposition offre encore un versant passionnant de l’œuvre de Villeglé, avec Hépérile éclaté. On pourrait discuter la question de savoir si ce travail ressort d’une « recherche de l’inintelligible » comme le rédacteur de l’article le propose. Le passage du texte déformé, désarticulé, au moyen de l’hypnagogoscope, continue de nous interroger sur cette articulation entre sens et non sens, ou enrichissement d’un sens neuf, dès lors que l’on passe de la lecture à la contemplation. Le lisible a muté ici en visible, tout comme en miroir, par son invention de l’alphabet socio-politique, Jacques Villeglé, a fait muter le visible en lisible, par une espèce de code des symboles de notre temps.
La galerie annonce des décollages et des documents inédits, voilà une motivation supplémentaire pour découvrir cette exposition aux enjeux passionnants.